Je me suis demandé quel article pouvait démarrer la série ” plantes sauvages “. Puis j’ai pensé à l’alimentation. S’il y a bien un domaine à ne pas négliger avec l’hydratation , c’est bien celui-ci (même si, en randonnée, tous les domaines doivent être envisagés avec raison et sécurité). Quand on démarre en randonnée, on se pose tous la question de savoir quoi emmener pour se nourrir (bivouac, encas, snacks). Quelle que soit la durée de notre randonnée, il faut adapter notre alimentation, pour y apporter les nutriments et micronutriments, dont notre corps aura besoin pour fournir son effort et récupérer. Vous pourrez vous faire une idée avec ce calculateur .

Ma rencontre avec les gorilles en Ouganda , m’a subjugué par leur masse musculaire impressionnante. Pourtant ces êtres sont des follivores, c’est-à-dire, authentiques végétariens : feuilles, tiges, racines, fruits constituent l’essentiel de leur repas.

Je ne vous dis pas de devenir végétalien ou végétarien comme les gorilles, j’essaye juste de vous expliquer que nous qui aimons marcher dans la nature, nous passons, sans le savoir, à côté de trésors qui ne sont pas cachés et à notre vue à chacun de nos pas. Il faut de plus, bien faire la différence entre une plante comestible et une plante alimentaire, mais je traiterai de ce sujet dans un autre article.

FLEUR DE PLANTAIN

Les plantes sauvages

Qu’est ce qu’une plante sauvage ?
C’est une plante qui pousse naturellement sans être cultivée ni greffée.

Les plantes sauvages, pendant la plus grande partie de notre vie sur Terre, nous ont nourris en nous apportant tous les éléments dont nous avions besoin pour vivre. L’agriculture est ensuite arrivée. Avec elle, les carences notoires. Par ignorance, nous les nommons souvent «  mauvaise herbes  », car nous ignorons tous les bienfaits qu’elles peuvent nous apporter.

Elles sont, de loin, les meilleures pourvoyeuses de vitamines, de minéraux, d’oligo-éléments, d’antioxydants et de tous ces micronutriments, qui se révèlent indispensables au bon fonctionnement de notre corps. 

Pour exemple, une portion de 100 g d’ortie, renferme environ 630 mg de calcium, soit autant que du fromage ; 8 mg de fer, près de trois fois plus que les épinards ; 410  mg de potassium , 71 mg de magnésium (à noter que ce minéral tend à manquer dans les légumes cultivés sur des sols de plus en plus carencés en cet élément). 

Côté vitamines, sa teneur est de 350 mg en vitamine C, sept fois plus que les agrumes.
Quant aux protéines de l’ortie, elle en renferme entre 6 et 9 g par 100 g en poids frais. Et il s’agit de protéines complètes, équilibrées en ACE (acides aminés essentiels).

De plus, pour faciliter l’assimilation des protéines, le fer et la vitamine C sont nécessaires. Les feuilles des plantes sauvages comestibles en sont largement pourvus.

Il y a cependant des règles à respecter, afin de se prémunir de tout accident et danger lorsque que l’on s’intéresse aux plantes sauvages.

FLEUR DE GENTIANE

Les règles de la cueillette

Utiliser les plantes sauvages implique cependant de respecter quelques règles dans leur cueillette et ce pour éviter l’accident dramatique. En France, aucune plante sauvage n’est mortelle au toucher. Il n’en est pas de même à la consommation.

Sur environ 6 000 plantes comestibles en France,1 000 sont utilisées pour l’alimentaire. Environ 300 sont toxiques et 150 sont mortelles (seulement en ingestion).

Pour ceux qui ont vu le magnifique film ” Into the wild “, l’erreur d’identification à causé la mort de Christopher McCandless (empoisonnement à la présence d’acide oxalyldiaminopropionique (ODAP)). Sans aller aussi loin, un jeune homme de 26 ans est décédé en 2020, suite à l’ingestion d’une œnanthe safranée, une apiacée mortelle, à priori confondue avec la carotte sauvage. Des cas d’intoxication, voire de mort, se répètent chaque année, parce que les règles de la cueillette ne sont pas respectées.

Règle 1

Soyez toujours sûrs à 100% de votre identification de plante avant de l’utiliser ou de la consommer.

Règle 2

Utilisez vos différents sens pour identifier la plante : vue, toucher, odorat et ouïe.

Règle 3

Evitez les plantes proches des lieux pollués et les plantes malades.

Les bords de routes, les cimetières (les produits utilisés par les thanatopracteurs sont toxiques et se répandent dans le sol), les voies de chemins de fer, près des usines, les décharges, les cours d’eau et les champs à causes des pesticides utilisés.

Les néonicotinoïdes sont très utilisés par les agriculteurs. Ce sont des pesticides systémiques, c’est-à-dire, qu’ils ne restent pas à la surface des feuilles. Ils se répandent dans toute la plante (seulement 5 % serait absorbé par la plante). En effet, ce pesticide est soluble dans l’eau. La pluie lessivant la plante, le pesticide s’accumule alors dans le sol ou les cours d’eau. Ils peuvent y demeurer plusieurs mois, voire des années. Ils sont fortement soupçonnés d’être
des perturbateurs endocriniens pour l’homme.

La famille des Brassicaceae (famille des choux) est capable d’accumuler de très grandes concentrations de métaux lourds du sol. Utilisés pour dépolluer les sols et les cours d’eau, on parle alors de phyto-remédiation ou bien phyto-extraction.

Règle 4

Nettoyez bien vos plantes et/ou cuisez les.

Il est très important de bien nettoyer vos cueillettes, afin d’éviter l’échinocoque, la douve du foie et des bactéries pathogènes. Je vous en parlerai dans un prochain article.

Règle 5

Ne cueillez de plantes rares, protégées.

Règle 6

Laissez les plants les plus gros et les plus forts intacts, afin de leur permettre de se reproduire.

Règle 7

Cueillez avec délicatesse la plante, afin d’éviter le déracinement.

Règle 8

Ne prenez que ce dont vous avez besoin.

Règle 9

Ne gaspillez pas. Respectez la nature et pensez à ceux qui viendront après vous.

FLEUR DE SALSIFI

ATTENTION


Même si les plantes ne sont pas protégées, vous n’avez pas le droit de les cueillir. Il existe des listes d’espèces protégées (dont la cueillette est donc interdite) au niveau national, au niveau régional et départemental.

En France, vous pourrez trouver ces informations sur le site de l’inventaire national du patrimoine naturel (https://inpn.mnhn.fr).

En France, un propriétaire est soit public, soit privé. Légalement, tout ce que vous prendrez sur un terrain sans avoir eu son autorisation est considéré comme un vol. Certains propriétaires acceptent très facilement, d’autres refusent catégoriquement et d’autres encore poseront leurs conditions (saison, horaires, quantité maximale, prix…).

Rien n’oblige un propriétaire privé à mettre des panneaux indiquant que son terrain est privé et une absence
de panneau n’est en aucun cas une autorisation de cueillir.
Dans les forêts publiques françaises, la cueillette est libre jusqu’à 5 l (l’équivalent d’un petit panier plein).
Sur les terrains communaux, la cueillette est libre aux habitants de la commune.

Pour des cueillettes d’un volume inférieur à 10 l sans l’accord du propriétaire, vous risquez une contravention forfaitaire de 68 €. Au-delà de 10 l, vous commettez un vol, passible de 45 000 € d’amende et de 3 ans de prison !


Les plantes toxiques

On dit qu’une plante est toxique, quand elle peut entraîner des effets néfaste sur notre organisme. Il existe 2 degrés de toxicité :

  • Grande toxicité : engendre des séquelles et peut être mortelle.
  • Faible toxicité : n’engendre pas de séquelles et n’est pas mortelle. Cependant même les plantes à faible toxicité, consommées en grande quantité, peuvent devenir mortelles.

Les facteurs de toxicité interne pour les plantes sont tellement vastes que je ferai un article sur ce sujet plus tard. Pour ce qui est de la toxicité en externe, elle est souvent produite par le toucher. Je le répète, mais en France aucune plante n’est mortelle au toucher à l’état sauvage (s’assurer cependant qu’une plante ” exotique “, n’a pas été importée et laissée à l’abandon). La toxicité se produit soit par leur jus, que l’on appelle le suc ou latex (je pense à la famille des Euphorbiacées, le late), soit par un principe urticant (la plus connue est sans doute l’ortie de la famille des Urticaceae, genre Urtica, qui comprend une trentaine d’espèces. Les Urticaceae comptent 53 genres, répartis en 2 365 espèces).

Les dermites et dermatites

Qu’est ce qu’une dermite ou dermatite ?


C’est une inflammation de la peau de différents types. Elle peut être irritative due au contact par frottement, ou bien allergique de contact. Vous trouverez ici des exemples de plantes allergisantes par pollen.Lorsque nous écrasons certaines plantes ou que nous tentons d’extraire leurs sucs ou latex, une réaction allergique provoquant une inflammation de la peau, voire des démangeaisons, se produit. Nous qualifions cette réaction allergique de dermite. En cas de réaction de ce type, rincer abondamment à l’eau propre et si les symptômes persistent, contactez un dermatologue. Il est possible aussi avec le plantain (plantago sp) en utilisant son suc, de soulager cela, en l’appliquant sur la zone concernée. En effet, ce dernier présente des vertus anti-inflammatoires, anti-allergiques, cicatrisantes et anti-pugineuses, mais je vous en reparlerai dans un autre article.

La photosensibilisation ou phototoxicité

Qu’est ce que la photosensibilisation?


La photosensibilisation est une réaction excessive cutanée à la lumière solaire. Elle peut être causée dans le cas des plantes sauvages (ou comme pour les feuilles de figuiers, une phytophotodermatose), soit par contact des sucs, soit par ingestion. Vous trouverez ici une liste exhaustive . Dans tous les cas, assurez-vous de bien vous protéger de la lumière solaire et de bien rincer à l’eau propre les parties cutanées touchées.

Urticante

Qu’est ce qu’une plante urticante?


C’est une plante dont les feuilles ou les tiges sont couvertes de poils, permettant d’injecter des substances
qui provoquent des irritations, voire des brûlures. Ces poils sont appelés des trichomes.

Les poils urticants sont particulièrement présents dans les familles des Urticaceae, Loasaceae, Boraginaceae et Euphorbiaceae.

Nous avons tous fait un jour l’expérience désagréable de se piquer au contact des orties. La réaction cutanée ne se fait pas attendre et peut être désagréable.

Pour conclure, j’insisterai vraiment sur la sécurité dans votre cueillette. N’utilisez que ce que vous connaissez à 100%. Respectez la nature, ne prenez que ce dont vous avez besoin. Ce n’est pas parce qu’il y a profusion à l’endroit où vous êtes, que ce sera le cas partout (espèce endémique). Pensez à la cueillette future et aux autres.

J’espère que ce petit article vous aura éclairé sur les pratiques de la cueillette en toute sécurité et en toute légalité. N’hésitez pas à le commenter et à le partager autour de vous.

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